to quentin : how it begins

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Actuellement, je suis sur le train pour retourner à Paris. C’est plutôt tard dans l’après-midi et toutes les choses dehors sont dorées et il semble que l’air lui-même luit. Les feuilles sur les arbres, les champs de blé, même la terre sèche–ils s’illuminent en nuances d’un feu brulant. Je suis vraiment en peu triste que je dois revenir si tôt. Il semble que je viens d’arriver ici. 

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[The words feel ill-formed and clunky in my hands, all rough edges and dented with mistakes. Formulaic constructions and a pile of “le”, “la”, “de”, “ à” that I can’t keep straight.]

Franchement, je suis nerveuse. De déménager à Paris et de déménager à Ouagadougou—ils sont deux choses complètement différentes et il serait difficile d'y vivre, je le sais déjà. En plus, quant à la langue, j’ai déjà des difficultés d’exprimer mon identité en français dans une manière que je crois est assez authentique. Je me sens toujours qu’il y a une côté de mon personnalité en français qui est impossible d’exprimer, ou même que je suis quelqu’un complétement différente en français. Je sais jamais si Coco ou toi ou nos autres amis pouvez me comprends. Pas juste le sens de mes mots (mais même ça, c’est difficile), mais qui je suis. J’imagine que vous pensez que je semble parfois simple ou enfantin, et je peux le comprendre. En gros, il me fait peur que j’ai décidé de me verrouiller comme ça pour trois ans de ma vie. Et je me demande souvent pourquoi je suis si folle que je veux faire ça à moi-même. Il semble un peu masochiste, non ? 

J’ai peur que j’ai partagé trop. Les emails sont vraiment un des moments rares que je me sens que je peux m’expliquer en français dans une manière assez lucide et claire. Ça arrive pas assez souvent pour moi, malheureusement. Je sais pas si tu vas le comprendre, mais juste imagine comment tu exprimerais toi-même, ton vrai âme, en anglais. Tu peux imaginer qu’il est vraiment frustrant parfois ? 

Désolée, je sais que je semble pleine d’angoisse existentielle. Tu sais que je suis pas comme ça normalement ! C’est juste parce que je n’en ai marre des conversations insipides en français. Mes journées sont souvent pleines des banalité. 

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[There’s no art to my words in this language, I fear. How do I bare my soul if I don’t have the words to? How do I communicate the poetry that usually floods my writing? How do I tell him I think I’m falling in love?]

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Oui, je suis d'accord. Il serait cool si on peut passer plus de temps ensemble la prochaine fois que tu seras à Paris. Je brûle déjà d'impatience pour te revoir. Je me suis rendu compte qu’on n’a jamais passé de temps ensemble sans nos amis. Il semble que cette espace numérique de notre correspondance est devenue notre espace privée, où on commence vraiment d’apprendre à se connaitre pour la première fois. C’est pas très conventionnel, mais j’aime ça beaucoup. Conventionnel est infiniment surfait, je crois.

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[I can try, at least.]

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